Revue de presse : « Budget : la droite sénatoriale accuse Hollande d’ouvrir les vannes pour 2017 » (Public Sénat)
Le 08 juillet 2016
L’Etat va devoir augmenter son budget 2017 à cause des différentes mesures annoncées par l’exécutif. « On profite du flottement de l’Union européenne avec le brexit pour relâcher tout » accusent Les Républicains. Le gouvernement assure que l’objectif des 3% est maintenu.
« Petit » ajustement. On connaît les grands axes du budget 2017. Le gouvernement prévoit une hausse de 6,8 milliards d’euros des dépenses de l’Etat. Mais cette hausse n’est financée qu’« en partie » par des efforts compensatoires. C’est la conséquence des dernières mesures annoncées depuis le début de l’année par l’exécutif.
« Les ajustements peuvent avoir lieu »
Cet ajustement a pour effet de rendre caduc le plan de 50 milliards d’euros d’économie en trois ans, promis à la Commission européenne en 2014. Mais le ministère des Finances assure que l’objectif de réduction du déficit sous la barre des 3% en 2017, à 2,7%, est bien maintenu. « L’objectif est d’atteindre un déficit à moins de 3% en 2017. Apres les ajustements peuvent avoir lieu » minimise la socialiste Michèle André, présidente de la commission des finances du Sénat.
A droite, on dénonce cette hausse des dépenses. Les Républicains pointent du doigt les « cadeaux » électoraux du gouvernement. « On ouvre les vannes. On distribue l’argent aux électeurs pour essayer d’inverser la courbe d’impopularité du président de la République », a lancé le vice-président du groupe LR du Sénat et membre de la commission des finances, Philippe Dallier, lors d’une conférence de presse.
« Budget payé à crédit »
« Il y a 2 mois, on a envoyé un document à l’Union européenne pour dire qu’on fera 50 milliards d’euros sur plusieurs années et aujourd’hui, c’est un peu oublié du fait des annonces du Président. On laisse filer la dépense » regrette Albéric de Montgolfier, rapporteur LR de la commission des finances de la Haute assemblée. Il dénonce un « budget d’année préélectorale. C’est payé à crédit. La dette est supérieure à 2.100 milliards d’euros » (voir la vidéo). « On profite du flottement de l’Union européenne avec le brexit pour relâcher tout. Le budget 2017 sera un budget de cadeaux avec des bombes à retardement », insiste-t-il.
Bruno Retailleau, président du groupe LR de la Haute assemblée, dénonce lui le « double échec » de François Hollande sur « le plan économique » et « financier ». Les Républicains soulignent que François Hollande n’a diminué le déficit que de 1,3 points en trois ans. Le filloniste Retailleau ajoute : « Je ne suis pas un sarkolâtre mais le déficit a baissé de 2,3 points entre 2009 et 2011 ». Avant de repartir en forte hausse dans la foulée de la crise des subprimes. « Le déficit, contrairement à l’enfumage du gouvernement, ne se réduit pas dans la proportion annoncée » ajoute Bruno Retailleau, constatant que « beaucoup de dépenses sont décalées à 2018 ».
Nouvelles dépenses
Les sénateurs des Républicains ont en tête la décision du gouvernement qui a renoncé à supprimer la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S), payée par les grandes entreprises sur le chiffre d'affaires. L’exécutif lui a préféré une hausse du CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) de 6 à 7% de la masse salariale, pour les salaires allant jusqu'à 2,5 fois le Smic. Il est reversé aux entreprises mais avec un an de retard, en fonction de leur résultats de l’année précédente. Ce tour de passe-passe budgétaire laisse des marges de manœuvres à Bercy.
Au titre des dépenses récentes annoncées par le gouvernement, on compte le soutien aux éleveurs, les renforcements des moyens des forces de police ou encore le dégel du point d’indice pour les fonctionnaires. Les collectivités territoriales ont aussi eu droit à leur geste. Un geste à 1,2 milliards d’euros, promis par François Hollande lors du congrès des maires. Mais dans leur cas, il s’agit de ralentir le rythme de la baisse des dotations, avec 2,8 milliards d’économies au lieu de 4 milliards d’euros.
« La France est un risque systémique »
Les collectivités ont largement été mises à contribution dans l’effort global. C’est bien ce que reproche la droite sénatoriale. « Les deux tiers des efforts ont été portées sur les collectivités locales, or elles ne sont comptables que de 10% de la dette. Et c’est de la bonne dette, il s’agit d’investissement » souligne Bruno Retailleau, par ailleurs président de la Région Pays de la Loire.
Le rapporteur Albéric de Montgolfier sort un beau diagramme avec des couleurs. Il montre que le ralentissement de la dépense publique vient d’un recul de l’investissement local et de la charge de la dette, grâce aux taux d’intérêt actuels extrêmement bas. Ce qui fait dire à Bruno Retailleau que « la France est un risque systémique », « le jour où les taux remontent, ce sera un handicap très lourd ». Le remboursement de la dette pèserait plus.
« Les 100 milliards d’économies, on les fera »
Alors que faire ? Davantage d’économies. Les Républicains ont déjà fixé la barre autour de 100 milliards d’euros. « Les 100 milliards, on les fera » assure Bruno Retailleau, soutien de François Fillon, le candidat de la primaire qui ne cache pas sa volonté de faire de (grosses) économies. Où ? « On le dira » assure Bruno Retailleau. Mais plus tard. Le sujet est sensible. Le diagramme du rapporteur donne peut-être une piste : les prestations sociales ont augmenté de 10,1% en 2015. « Réduire de 3-4% la dépenses par an, c’est atteignable » assure Albéric de Montgolfier. « Qui peut nous faire croire qu’on ne peut rien toucher ? Penser qu’on est condamné à perpétuité à ce niveau de dépenses publiques, c’est mettre la clef sous la porte. L’addiction à la dépense publique est en train de casser le pays » lance Bruno Retailleau, qui souligne qu’« au final, ce sont les plus pauvres qui trinquent si on ne fait rien ».
Si la droite ne se prive pas pour dénoncer le rythme de réduction des déficits, à gauche, on compte bien appuyer là où ça fait mal en retour. « Eux, ils parlent de nos cadeaux électoraux peut-être. Nous, nous sommes très inquiets des 100 milliards d’économies qu’ils veulent faire car nous nous demandons où ils couperont les crédits » souligne la socialiste Michèle André. Elle ajoute : « 1 partout. Balle au centre ».
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