Revue de presse : « La droite sénatoriale détruit le bilan économique de François Hollande » (Challenges)
Le 07 juillet 2016
Les sénateurs LR ont dévoilé mercredi un rapport sur l'état des finances publiques en 2015. L'occasion de porter l'estocade à François Hollande. Quitte à tenir un discours volontairement alarmiste.
Dernière piqûre de rappel avant les vacances d'été. Les sénateurs Les Républicains Bruno Retailleau, Philippe Dallier et Albéric de Montgolfier ont présenté mercredi 6 juillet leur rapport sur l'état des comptes publics pour l'année 2015. L'occasion de souligner, à 9 mois de l'élection présidentielle, le "double échec" du quinquennat Hollande, marqué par une dégradation de la situation économique et de l'état des finances publiques de la France. "On a l'habitude de dire: quand on se regarde on se désole, quand on se compare on se console. Et bien, dans le cas de la France, plus on se compare plus on se désole", a lancé le président du groupe Les Républicains au Sénat Bruno Retailleau.
Il s'agissait de l'ultime occasion pour Les Républicains de souligner les déboires économiques de la gauche avant d'être monopolisés par la campagne des primaires, qui s'ouvrira à la rentrée. Les trois sénateurs ont donc passé au crible les échecs du gouvernement, fustigeant "le court-termisme et le manque de vision" de François Hollande. Quitte à dépeindre un tableau volontairement sombre de la situation économique française. La croissance économique de la France (+1,3% du PIB en 2015) reste "trop faible" et "en deça" de nos voisins européens, ont estimé les sénateurs. La diminution de la charge de la dette n'est elle qu'un trompe-l'oeil dû à "la baisse historique des taux d'intérêts". Et le déficit public diminue trop lentement "au vu des engagements pris dans la loi de programmation des finances publiques de 2012", renâclent les élus LR.
Un "budget cadeau" pour 2017
A écouter le trio de sénateurs, la France est devenue le mauvais élève de l'Europe. Celui qui, plus que la Grèce ou le Portugal et l'Espagne - pourtant sur le point d'être sanctionnés par la Commission Européenne - fait peser "un risque systémique" sur l'Union Européenne. "On ne peut pas donner des leçons à l'Europe entière et menacer la cohésion de l'Union", a jugé Albéric de Montgolfier, tandis que son collègue Bruno Retailleau faisait mine de s'interroger: "Quelle ambition a-t-on pour la France? Devenir le leader du Club Med ou participer aux affaires de l'Europe?".
Et ce ne sont pas les dernières annonces de François Hollande qui vont rassurer les sénateurs Républicains. Les parlementaires ont houspillé un budget 2016 "cadeau", taillé pour l'élection présidentielle de 2017. "C'est comme s'il y avait trois phases dans ce quinquennat, a estimé le vice-président du groupe Les Républicains au Sénat, Philippe Dallier. La première qui s'étend jusqu'en décembre 2013, avant que François Hollande ne se rende compte que la politique menée conduit le pays au naufrage. La seconde avec l'entrée en vigueur du CICE à partir de 2014. Et la dernière en 2016-2017, où on lâche les vannes sous prétexte que ça va mieux pour essayer d'inverser la courbe de l'impopularité".
"François Hollande est en train de compromettre gravement l'avenir du pays en repoussant à 2018 la facture des dépenses qu'il veut faire", a estimé de son côté Bruno Retailleau. Un de ses collègues redoutant même que le gouvernement profite de l'incertitude créée par le "Brexit"pour lever le pied sur les dépenses, et "déchirer les lettres de cadrage de ses ministère". Selon le rapport publié par les trois sénateurs, qui s'appuie sur les chiffres de la Cour des comptes, les promesses déjà faites par François Hollande (baisse d'impôt sur le revenu, augmentation des enseignants, maintien des crédits à la Recherche...) devraient alourdir les dépenses de 6 milliards d'euros en 2017. Ce que soulignait déjà dans Challenges la députée PS Véronique Rabault mi-juin.
Les 100 milliards d'économie, "on les fera"
Les parlementaires ont eu beaucoup de mal, en revanche, à expliquer pourquoi les réformes de structures qu'ils appellent de leurs voeux n'ont pas été réalisées auparavant, lorsqu'ils étaient au pouvoir. Les sénateurs se sont bornés à rappeler les effets désastreux de la triple crise économique qui a débutée en 2008. Et Bruno Retailleau s'est lancé dans une comparaison peu convaincante des fondamentaux économiques entre la fin du mandat de Nicolas Sarkozy et aujourd'hui: "en 2010-2011, la croissance économique étaient de 2%", "la France n'était que le 14e pays sur 28 dans l'Union Européenne en terme de chômage".
Bruno Retailleau, Philippe Dallier et Albéric de Montgolfier comptent beaucoup sur une victoire de la droite en 2017 pour redresser les comptes publics. "Le prochain quinquennat sera décisif, a estimé le président de la région Loire-Atlantique. Il s'agira, pour la France, de prendre son destin en main. Et ne vous y trompez pas, si rien n'est fait, à la fin ce sera les extrêmes." La solution n'en sera pas moins douloureuse. La plupart des candidats à la primaire de la droite s'accordent sur une réduction des dépenses publiques de 100 milliards d'euros. Un chiffre que ne renient pas les parlementaires LR. "Le travail on le fera et ces 100 milliards il faut les faire", a jugé Retailleau. "3%, 4% du budget de l'Etat c'est faisable", a ajouté Albéric de Montgolfier.
Pas dupes, les élus LR se doutent bien que les coupes budgétaires prévues par la droite seront l'un des arguments de campagne du PS en 2017. "Je connais le langage de la gauche, a assuré Bruno Retailleau. De dire que la droite va demander aux parents de vendre leurs enfants. (...) Mais l'addiction à la dépense publique est en train de casser ce pays, et ce sont les plus pauvres qui trinquent. Les plus riches, eux, sont mobiles, ils trouvent toujours le moyen de se protéger". Un discours bien rôdé qui prouve que la droite aussi est bien entrée en campagne.
Source : Challenges
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