Une rente. Voilà comment le candidat Macron perçoit et décrit depuis la campagne présidentielle, l’immobilier. Ce terme avait particulièrement choqué les acteurs de l’immobilier, et notamment les propriétaires qui avaient peu apprécié d’être considérés comme des rentiers. Pour l’actuel président de la République, l’immobilier constituerait une forme de patrimoine improductive contrairement aux valeurs mobilières (actions, obligations...), qui contribueraient à la croissance de l’économie réelle. Le sénateur LR d’Eure-et-Loir, Albéric de Montgolfier s’est attaché à démontrer le contraire.
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Dans un rapport publié ce jeudi, le rapporteur général de la Commission des finances du Sénat tire trois conclusions: la première, l’immobilier ne présente pas une rentabilité (avant impôts) anormalement élevée. Entre 1990 et 2015, elle est sensiblement comparable à celle des actions (6% contre 6,2%). «Depuis la fin des années 2000, la rentabilité de l’immobilier s’est même fortement réduite pour se rapprocher de celle observée dans les autres pays européens. Il est donc paradoxal de parler de rente immobilière», explique le sénateur.
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Autre constat: la fiscalité n’est pas biaisée en faveur de l’immobilier, comme l’estiment le président de la République et plusieurs économistes de gauche. C’est le cas notamment de France Stratégie, organisme de réflexion dépendant de Matignon, qui s’est appuyé sur cette affirmation pour réclamer une taxe sur les propriétaires occupants. Une proposition que le gouvernement a finalement rejetée.
Évolution de la part des prélèvements sur le patrimoine immobilier en France par rapport à l’imposition totale et au PIB - 1995-2015 (en %)
Le rapporteur de la Commission des Finances du Sénat souligne que le poids des prélèvements opérés sur les logements est en progression, enregistrant une hausse de 3,6% entre 2015 à 2016 (contre 1% pour l’ensemble des prélèvements obligatoires). Graphiques à l’appui, le sénateur montre également que la part des prélèvements sur le patrimoine immobilier par rapport à l’imposition totale s’est envolée de 28%. Autre argument: la France est le deuxième pays où la fiscalité de l’immobilier pèse le plus dans le PIB (3,3%), derrière le Royaume-Uni (3,8%) et devant les États-Unis (2,6%) et surtout l’Allemagne (0,8%).
Enfin, le sénateur LR soutient que le marché contribue à la croissance de l’économie réelle, contrairement à ce qu’affirme le président Macron. En s’appuyant sur des données de l’Insee, Albéric de Montgolfier rappelle que l’immobilier représente plus de 18% de la valeur ajoutée de l’économie française et 8% de l’emploi total. Côté emploi, des destructions ont été enregistrées de manière quasi ininterrompue entre 2008 et 2016, avant que le secteur ne renoue avec la croissance au premier trimestre de cette année. Là où le bât blesse, c’est la productivité. «Si l’immobilier a été qualifié d’investissement «improductif», c’est avant tout parce qu’il s’agit d’un secteur où les gains de productivité sont plus faibles que dans le reste de l’économie», concède Alberic de Montgolfier. La raison? L’envolée des prix immobiliers qui a dopé des secteurs comme la construction au détriment d’autres plus productifs. Une décélération des prix serait donc à même d’inverser la tendance.